L’ami des morts: partie 2

 Si vous avez aimé le premier article sur le métier de médecin légiste ne partez surtout pas, voilà la suite concernant les techniques de datation des corps.

Une des méthodes dites scientifiques de la datation des corps consiste à mesurer le degré de potassium (K dans le tableau périodique des éléments) dans l’humeur vitrée de l’œil.Cette méthode reste néanmoins moins précise que l’utilisation de thermomètres très précis.fig-09-01b

La décomposition d’un corps abandonné depuis plusieurs années est souvent si avancée qu’il ne reste que des ossements. Les anthropologues médico-légaux entrent alors en scène. La datation de ces restes est très difficile.

Il n’y a qu’une seule certitude, la fluorescence des os placés sous des rayons UV permet de savoir s’ils ont plus, ou moins, de 100 ans. Pour le reste, chaque cas est unique, comme l’explique le Dr Philippe Charlier, médecin légiste : «L’étude des mollusques qui se fixent sur les os lorsqu’ils sont immergés, ou les lichens qui se déposent dessus en surface, permettent de faire des estimations. Généralement, la combinaison de plusieurs méthodes permet d’établir un faisceau de présomption», explique-t-il (interview par le Figaro).

Encore une fois, les résultats dépendent également du lieu de découverte du corps. «Récemment nous avons eu des restes humains dont on cherchait à savoir s’ils appartenaient ou non à une personne disparue en avril 2010. Leur analyse a montré qu’ils avaient été abîmés par le passage d’une faucheuse, plusieurs mois avant cette date, ce qui nous a permis d’infirmer l’hypothèse des policiers», raconte Philippe Charlier, révélant ainsi la dimension archéologique de son métier.

On termine en parlant d’un des aspect les moins ragoutant du métier de médecin légiste : la datation du corps à l’aide de larves et autres insectes présents sur et dans le corps. Certains insectes participent à la dégradation des corps. Leur étude est à la base d’une discipline née au XIXe siècle et reconnue comme science criminelle depuis la fin du XXe : l’entomologie médico légale. Son fondateur, Jean-Pierre Mégnin, avait défini huit escouades de nécrophages – dont la célèbre mouche bleue – qui se succèdent sur un cadavre.

On sait aujourd’hui que la réalité est un peu plus complexe et dépend beaucoup du lieu de dépôt du corps et des conditions climatiques. Les spécialistes arrivent toutefois à remonter le scénario de dégradation du corps par les insectes, notamment grâce aux œufs qui ont pu être pondus et grâce à l’âge des larves retrouvées. Ce travail de fourmis permet, dans certains cas, de déterminer la date approximative de la mort jusqu’à plusieurs mois après le décès.

Thomas SAINJON

 

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